Voici une course que je ne pouvais envisager il y a juste quelques semaines. Confiant les jours précédents, j’ai dû faire face à soucis jusqu’au dernier moment.
Un temps frisquet mais beau. C’est la prévision que m’avait donnée une des personnes volontaires rencontrées à la Grande Halle de La Villette où les coureurs du Semi-marathon de Paris devaient récupérer leurs dossards. En effet, le petit ange de La Bastille, lieu du départ de la course, luisait de toute sa dorure sur un fonds de ciel très bleu. De quoi rappeler presque les couleurs du drapeau de l’Ukraine, attaquée et envahie par la Russie de Poutine juste quelques jours auparavant. Nous sommes bien à Paris, il fait froid et bleu, nous nous apprêtons à courir à travers les rues de la belle capitale, et dans son Bois de Vincennes, situé à l’est. Mais c’est bien plus loin à l’Est de l’Europe que biens des pensées vont aller. Plusieurs coureurs manifestent d’ailleurs leur soutien au peuple ukrainien, certains avec les deux traits de couleurs marqués sur le visage.
J’étais sensé partir à 9h11, ayant annoncé un objectif de 1h50 au moment de la validation de mon inscription à ce Semi-marathon de Paris. Mais le temps de prendre des photos et des vidéos, de déposer mon sac à dos à la consigne (où, de nouveau, on est accueilli avec le sourire des volontaires), de reprendre des photos et des vidéos, j’arrive plus de quarante minutes plus tard. Au milieu de la foule, serais une goutte parmi dans la grande vague. Nous nageons pas dans le bonheur mais dans une joie manifeste.
C’est bon, le signal est donné. Je déclenche alors (ne souriez pas!) les enregistrements sur deux montres, la Garmin fēnix 7 X (version Sapphire Solar) et Polar Grit X Pro, que je teste en ce moment, sur les applications RunKeeper et Polar Beat, celle-ci étant reliée à une ceinture cardio (sa mesure me servant ultérieurement de référence). Et je compte un peu sur les chaussures Adidas Solar Boost (testées ici sur HTO) pour amortir les chocs des routes de Paris. C’est tout doucement que je débute ma course. La dernière goute de la vague. Je veux être prudent. A la suite d’une tendinite survenue il y a plus d’un an, j’ai dû interrompre la course à pied, et me résoudre à des mois de séances de kinésithérapie. Essentiellement du renforcement musculaire. Le dernier rendez-vous a eu lieu il y a moins de dix jours… Cela fait plusieurs semaines que je suis capable, de nouveau, de réaliser plusieurs séances de course à pied hebdomadaires, au minimum 8 ou 9 km, voire, quelques fois plus de 12 km. Et c’est une sortie d’une longueur de 19 km (contre 15 km prévue initialement) qui m’a vraiment convaincu de m’aligner sur le semi de Paris. Une sortie encadrée par deux séances de fractionné dans un stade. Même si mes jambes étaient lourdes vers la fin de cette sortie de 19 km, parcourus un jour de vent, je me suis senti capable de courir les 21, 097 km de la capitale. Mais dans cette préparation courte, il y a eu un hic! La semaine du semi, j’ai assisté à un gros salon international à l’étranger. Dès la fin de la première journée, j’ai eu une très forte douleur au tendon d’Achille. Et malgré le karité et un gel antidouleur les jours suivants et enfin un gel refroidissant la nuit précédant la course, la douleur a voulu participer ou me gâcher la fête. Elle était toujours présente la ligne de départ franchie… Mais cette douleur au tendon d’Achille est supportable au début de la course. Cependant, je cours avec précaution. Je n’ai pas voulu annuler ma participation à ce premier semi-marathon, il fallait au moins que je tente la course. Finir en moins de 1h50 n’était certainement plus réaliste. La montre Garmin fēnix 7 X Sapphire Solar, compte tenu de l’indice de VO2 Max de mes dernières courses, m’indique bien que je pourrais prétendre à un temps d’environ 1h48 mais elle a beau être performante (d’après les premières semaines de test), elle ne peut connaître mon handicap au tendon. Et je redoute aussi les crampes, telles celles éprouvées lors de mon 20 KM de Paris, il y a plusieurs années (expérience racontée ici). Ces dernières semaines, j’en ai eu plusieurs, mais heureusement pas lors des entraînements. Et la dernière course faite quatre jours avant le semi, quoique lente (surtout à cause des nombreuses images prises au smartphone), me donnait un peu d’espoir : la douleur au tendon était déjà apparue mais, visiblement, cela devait être gérable. Advienne que pourra donc. Prudence quand même.
Après la traversée du Pont de Sully, nous voguons donc sur le quai Saint-Bernard, puis le Quai d’Austerlitz, près de la gare éponyme. A contre-jour, les coureurs devant moi me donnent l’occasion de photographier leurs longues silhouettes étalées sur le sol. Visiblement, pour moi, à ce moment, la photo prend le dessus sur le chrono. Mais les sensations sont relativement bonnes, malgré le tendon, sur lequel j’essaye de ne pas trop forcer.
Après la Bibliothèque nationale François Mitterrand, la traversée du pont de Tolbiac puis du Parc de Bercy, nous virons à la rue de Charenton. Qui monte. De même que la température! N’empêche, juste après avoir quitté l’avenue de la Porte de Charenton, nous arrivons sur l’avenue de Gravelle et atteignons le cinquième kilomètre de notre vadrouille : j’ai mis à ce moment un peu plus de 26 minutes. Pas mal, compte tenu de la douleur, pas forte mais bien là. Au km 6, le premier ravitaillement : une bouteille d’eau d’un demi-litre pour moi ainsi qu’un bout de banane et deux petites tranches de cake.
L’avenue Gravelle va nous accompagner sur une bonne partie de notre présence dans le Bois de Vincennes. Jusqu’au-delà du km 8. Il fait chaud! Juste après l’hippodrome, la route descend. L’occasion pour accélérer, c’est toujours cela de pris.
Une longue ligne droite s’ouvre à nous, c’est la route de la Pyramide. On voit au loin beaucoup de coureurs, aux abords du Château de Vincennes. C’est le km 12, l’endroit du second ravitaillement. Quelle concentration! Au km 11, une pancarte de l’organisation indique « Ne t’arrête pas, ravitaillement dans 500 m ». Ce n’est pas mon intention!
Et pourtant, quelques instants après, un homme traverse perpendiculairement la route à pied en tenant son vélo. Je ne l’avais pas vu venir sur ma gauche, ayant jeté un bref moment mon regard vers mon smartphone. J’évite cependant une collision, ne le touchant que de la main. A ce moment précis, mon pied droit subit une crampe, nette mais brève. Je ne m’arrête pas, en espérant que cela ne préfigure rien de plus handicapant.
Au second ravitaillement, bis repetita pour moi : une bouteille d’eau, un bout de banane et deux tranches de cake. Je décide de ne pas manger la deuxième tranche, de la garder en cas de nécessité. Je ne bois pas d’ailleurs toute l’eau, je crains d’être déjà trop ballonné et je n’ai pas faim. Je m’asperge du reste de l’eau.
Après le ravitaillement, j’entends quelqu’un appeler le prénom « Nadia ». Je vois et reconnais la bloggeuse (Nadia Runs Paris), une amatrice de course à pied. « J’en profite », me dit-elle, tout sourire, me reconnaissant aussi. « Oui, il faut, dans ce monde, avant comme maintenant », je lui réponds. Content de l’avoir rencontré, je continue d’avancer. Et me sens alors plutôt bien. Mais, Dieu qu’il faut être modeste…
C’est ensuite l’avenue Daumesnil, et ça monte!
A l’approche de la Porte Dorée, après environ 14 km 300, une crampe attaque mon mollet gauche. Que vais-je faire? Alors qu’il reste plus de 7 km environ. Deux minutes plus tard une autre crampe assaille le même mollet. Puis une troisième, quelques instants plus tard. Puis une quatrième moins d’une minute après. Je ne les compte plus. Par contre mon allure de course chute, elle tombe au-dessous de 6 min/km… Quelques minutes plus tard, pas loin de Bercy, c’est une série de crampes qui se déclenchent, la première étant plus forte. Je n’ai pas envie de m’arrêter, cela serait une erreur, mais je me demande comment je vais faire pour finir. Heureusement, j’avais bu quelques minutes auparavant le fonds d’une bouteille contenant un mélange de jus de citron mélangé à du sel. Je me demande si je n’aurais pas dû en prendre plus. C’est cette boisson que je bois de temps en temps en sortie, par exemple lors de la course de 19 km.
Je continue de courir mais je suis obligé d’aller plus lentement que d’habitude. Mon allure descend même jusque 6 min 40/km. Je ne suis pas très fatigué, j’ai cette douleur au tendon droit et ces crampes! Et c’est au tour du mollet droit!
Arrivent les tunnels le long de la Seine! Cela monte et descend! En fin de course, cela casse les jambes. Ces tunnels à Paris sont tristement fameux pour leur cruauté! En les remontant, il font d’avantage mal au tendon.
L’Hôtel de Ville se fait voir. Puis c’est la rue de Rivoli, l’ambiance devient intense, la fatigue aussi. Le public joue le jeu. Il voit bien que nous sommes fatigués. Je pousse pour reprendre un peu de vitesse et tente d’avoir un peu d’allure. Mais qui verrait mon visage ne se laisserait pas avoir. J’essaye de prendre le dessus sur les crampes. Elles jouent au chat et à la souris. Je serre les dents. Moins d’un kilomètre. Une grosse crampe pourrait paralyser mes jambes. Mais aucune d’une telle ampleur ne surgit. J’accélère, je sais que je ne peux plus arriver sous 1h50 mais j’essaye de ne pas dépasser 1h55. Le public s’excite à la vue des coureurs qui touchent au but, je tente de tenir les reines des muscles. Franchis cette ligne d’arrivée, au bout de 21,097 km. Continue ma marche. Je ne suis pas épuisé. Je me retourne pour prendre des images. Récupère ma médaille, ce petit souvenir qui symbolise une petite fierté. Une des montres indique un temps de 1h54:53. Le temps officiel sera de 01h54:49.
Il me faudra trouver une solution pour éviter les crampes la prochaine fois. Je ne lâche pas l’affaire, je m’accroche.
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