« Aujourd’hui, je donne du bonheur, demain je ne sais pas! ». La dame, casquette blanche sur la tête et gants en plastique aux mains, ne donne pas que des raisins secs aux coureurs qui viennent de franchir la ligne d’arrivée du 10 km de Paris. A la tête de la rangée de tables de ravitaillement, et cela ne doit certainement pas être un hasard, Rose-Aimée n’arrête pas de distribuer du réconfort. « Tiens, viens chercher bonheur chez moi », dit-elle à une jeune femme qui avance. « Tu veux du bonheur, chérie? » lance-t-elle à une autre.
A côté, très épuisé visiblement, un coureur s’est assis sur le trottoir. Et demande doucement à un autre d’aller lui chercher des aliments sucrés. Ce n’est pas son premier 10 km, affirme-t-il, mais il a voulu aller trop vite à la fin.
Quant à moi, c’est bien mon premier 10 km urbain avec un dossard. Même si la distance elle-même est depuis un certain temps le minimum que je cours en général lors de mes entraînements. Mais là, en ce début juin 2023, le problème pendant ma course a été la grande chaleur! Je voulais courir plus vite. Contrairement à mes habitudes, je ne comptais pas capter beaucoup d’images au smartphone pendant l’épreuve. Et j’ai pris effectivement très peu de photos, peut-être moins de cinq. J’ai profité comme beaucoup d’autres de la possibilité de courir dans les rues de Paris vides de voitures, plutôt silencieuses ou du moins animées surtout par les percussions des pas des coureurs et à certains moments par les notes de groupes de musique placés au bord de la route. En préambule d’un nouvel été hors norme, il a donc fait chaud. Tellement que les jets d’eau envoyés en deux ou trois points du parcours pour nous permettre de nous rafraîchir m’ont à chaque fois provoqué un petit choc thermique. La fin de ma préparation à cette course n’a pas été parfaite. Encore une fois, j’avais très peu dormi la veille. J’ai terminé la distance en moins de 48 minutes.
Je me suis lancé vers 8h50, aux pieds de la Tour Eiffel, sur le vaste Pont d’Iéna. Et c’est bien l’avant course qui me reviens en souvenir. La fête, l’ambiance, la musique! Paris est une fête. Sous la Tour, de la musique live. Assurée par DJ Tommy Menger et le saxophoniste Dimasax qui reprennent à leur façon certains airs connus. C’est à la fois aérien et bien rythmé. Un moment légèrement irréel. Ça plane pour moi alors que cela va certainement peiner pour moi dans quelques bonnes minutes. Mais je profite du moment. Il y a une joie, commune, dans l’air, avant que chacun ne souffre, silencieusement.
Quelques minutes plus tard, devant la masse des coureurs prêts à partir, un animateur déjanté, le corps révulsé, gigote sur la chanson Freedom d’Aretha Franklin et, micro dans la main, termine de chauffer le public. « La liberté vous allez la chercher justement », annonce-t-il avant de donner le compte à rebours. Lâchés, nous partons alors en quête de bonheur. Rose-Aimée nous attend.
Moctar KANE.
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