Après plus de six mois de test de ce smartphone haut de gamme, ce Huawei P30 Pro se révèle vraiment être jalon important dans la pratique de la prise d’images au mobile.
Depuis son lancement mondial en France fin mars 2019, à Paris, j’ai eu le temps de prendre beaucoup mais vraiment une grosse quantité d’images (surtout des photos) avec ce smartphone P30 Pro de Huawei. Évidemment, c’est bien sa troisième optique, un zoom optique relativement puissant qui le rend si particulier.
A son arrivée sur le marché, le P30 Pro est LE flagship de Huawei qui a pour mission de concurrencer les concurrents chez Apple et Samsung, à savoir l’iPhone Xs Max et Galaxy S10+. Son design est à la hauteur, à mon avis, avec un bel écran de 6,47’’ remplissant presque la totalité de la surface frontal et ses bords latéraux arrondis. Le capteur biométrique est placé sous l’écran. Lorsque le doigt est bien plaqué sur le verre de l’écran son déverrouillage est rapide mais le processus l’est bien moins que du temps (il y a quelques années) où le capteur était en bas de l’écran des smartphones haut de gamme. Le design a pris le dessus.
Venons-en à ce qui m’intéresse en général le plus ici sur HTO lorsque je teste un smartphone : les capacités de prises de vue.
Trois focales dont un grand télé
L’optique principale, placée derrière un capteur de 40 Mpix, est un grand angle (d’équivalent 27 mm dans le système 35 mm) et son ouverture est de f/1,6. Il est bénéficie d’une stabilisation optique. Le deuxième objectif est un ultra grand angle, 0,6 X par rapport au précédent (équivalent 16 mm). Son capteur associé a deux fois moins de pixels, soit 20 Mpix. De même il est moins lumineux puisque de f/2,2. Venons-en à son téléobjectif : il grossit 5X plus que l’optique principal! Pour parvenir à cette longueur focale, Huawei (comme son concurrent Oppo qui sortira un smartphone similaire plusieurs mois après le P30 Pro) a dévié l’axe optique en utilisant le principe à miroir du périscope : l’essentiel du parcours lumineux se fait dans le plan horizontal du smartphone. Par contre, la définition du capteur derrière cette optique n’est que de 8 Mpix et son ouverture n’est que de f/3,4. Heureusement, pour ce zoom il y a un stabilisateur optique.
En utilisant l’appli photo par défaut, il est possible de prendre des images avec un grossissement x10. Dans ce cas-là il s’agit d’un zoom numérique ou hybride pour reprendre le terme préféré par le fabricant, qui combine l’optique et le traitement digital.
A savoir, lorsque via l’appli photo par défaut on choisit le zoom x5 : cela n’enclenchera pas forcément le zoom optique x5. Si le programme détecte que la cible visée est trop peu éclairée il aura alors recours à l’objectif le plus lumineux, à savoir l’optique principale x1, et il réalisera alors un zoom x5 numérique. En général, d’après mon expérience durant ces mois de test, si le sujet est bien éclairé, c’est réellement le zoom x5 optique qui est mis en œuvre lorsque je choisis ce grossissement.
Tout ceci étant dit, je dois rajouter avoir quelques doutes (peut-être dus à des incompréhensions) sur le « zoom numérique x5 ». Quand je consulte les données Exif, je constate que la focale donnée pour cet objectif est 14,5 mm. Contre 5,6 mm pour l’objectif principal (X1). Le rapport entre les focales des optiques serait donc de 2,58 et non de 5. Est-ce que Huawei n’utiliserait-il pas un peu de numérique pour atteindre le grossissement x5? Si vous avez une meilleure compréhension, s’il vous plaît, indiquez-le moi dans les commentaires.
Sur le terrain
Un copain étudiant en photo me répétait « on zoome avec les pieds ». Certains photographes ont bâti l’essentiel de leur carrière avec une optique, en privilégiant les changements de distances avec le sujet pris en images. Sur le terrain, il y a des situations où le rapprochement n’est pas aisé, voire impossible ou dangereux. Au début du test de ce Huawei P30 Pro, après avoir photographié (comme beaucoup) la Tour Eiffel avec ses différents zooms, j’ai pu constaté l’utilité de telles focales dans d’autres situations. Par exemple, lors d’une sortie dans une forêt, j’ai pu, grâce au zoom x10, filmer un oiseau qui bâtissait son nid en haut d’un arbre.
Autre exemple, un événement qui a marqué nos esprits : l’incendie de la la cathédrale Notre-Dame de Paris. J’étais au centre Pompidou quand j’ai reçu l’alerte. L’édifice d’où s’échappaient de grosses fumées sombres n’était donc qu’à quelques centaines de mètres de là. Quelques minutes plus tard, sur le quai de la Seine, j’étais parmi les nombreux témoins, Parisiens comme touristes, en train de d’enregistrer en images au smartphone les dégâts que le feu causer à ce monument culte de Paris. Je n’avais pas d’autres appareils photos sur moi ce jour que mes smartphones. Et le public comme moi ne pouvions aller plus près. Avec son zoom optique x5 et son zoom hybride x10, c’est évidemment le Huawei P30 Pro que j’ai brandi et privilégier pour capter ce moment. Autant en photos qu’en vidéos, je pense avoir obtenu des images que peu de personnes situées au même endroit que moi pouvaient voir : une plongée vers plus de détails du monument en feu. Pour ceux que l’on appelle les backpacks journalists, les reporters multimédia, ce P30 Pro de Huawei offre une plus grande latitude de prises de vue sur le terrain, en tous cas pour ceux qui veulent se déplacer légers ou qui veulent se reposer sur un smartphone capable un minimum de prendre le relais d’un APN absent ou laissé derrière eux.
A savoir, lorsque vous passez d’un objectif à un autre en mode manuel, où vous choisissez la vitesse et la sensibilité : l’exposition de l’image affichée sur l’écran va varier. En effet, ceci s’explique du fait de la différence d’ouverture entre chaque objectif. Donc si vous passez de l’optique principal x1 (à ouverture f/1,6) au télé x5 (à ouverture f/3,4), l’image va perdre en luminosité : en mode manuel vous devrez compenser en réduisant la vitesse ou en augmentant la sensibilité.
Qualité des images
La qualité des images obtenues avec le zoom « hybride » X10 est correct en général. En plein jour. Par moment, ce n’est pas suffisant, tant on devine le travail numérique. Qui donne des airs de pictoralisme sur certaines parties de l’image.
Les images avec le zoom x5 optique sont globalement satisfaisantes. Cependant, par moments, elles sont justes correctes, tant le manque de définition est visible lorsque l’on analyse les photos à plein écran.
Le Huawei P30 Pro a un mode photo de nuit. Qui permet donc de prendre des photos dans un environnement obscur avoir à se servir d’un trépied. Le résultat est plutôt bon mais moins performant qu’avec le Pixel 3 de Google. Notamment lorsque l’on veut capter un sujet en mouvement, par exemple des personnes qui marchent. Avec le Huawei P30 Pro, on observe que ces sujets en mouvement sont reproduits sous forme de fantômes, voire, ils sont doublés dans certains cas, alors que le programme utilisé par le Pixel arrive plus souvent à les figer. Par contre, le P30 Pro permet une plus grande latitude, en vous laissant la possibilité de varier sensibilité (ISO) et vitesse d’obturation de la photo ainsi prise.
Un mot sur la vidéo. Évidemment, le Huawei P30 Pro enregistre en 4K. Mais à une cadence de 30 images/s, soit la moitié de ce que permet les iPhone. Et surtout les vidéos du P30 Pro sont globalement de moindre qualité et moins fluides que celles des iPhone haut de gamme.
Autonomie
C’est l’un des points forts de tous les derniers flagships de Huawei. Leur autonomie est bonne. En général vous pourrez dépasser facilement la journée sans peine. Sur ce plan-là, c’est mieux que les iPhone haut de gamme (j’exclue la série 11 que je n’ai pas encore testée).
Waterproof
Honnêtement, contrairement à d’autres smartphones que j’ai testés avant et en particulier les modèles « outdoor », je n’ai pas éprouvé la résistance à l’eau du Huawei P30 Pro. Mais sachez qu’il est labellisé IP68 et conçu pour supporter un séjour de 30 minutes à une profondeur de 1,5 m dans l’eau. Je n’ai pas vu s’il supporterait l’eau salée.
Prix à partir d’environ 1000 € pour la version 128 Go.
J’aime
La souplesse d’usage permise par les zooms optiques et en particulier du x5.
La qualité générale des images.
L’autonomie confortable.
La fluidité générale de fonctionnement.
Je n’aime pas
L’écart très important de résolution entre les capteurs.
La balance des blancs peu fiable.
Conclusion
Grâce à la présence de trois objectifs, de trois « zooms »optiques allant du très grand angle au télé X5, le Huawei P30 Pro offre une souplesse de prise du vue appréciable sur le terrain. Pour moi, c’est un appareil qui marque une étape dans l’histoire de la photographie au smartphone. A conseiller aux mojos (mobile journalistes) ou à toutes celles et ceux qui sont à la recherche d’un smartphone Android capable de faire face à différentes conditions de prises de vue et autonome de surcroît. Dommage cependant que ses vidéos n’égalent pas celles des iPhone.
Moctar KANE.
Et voici un résumé vidéo de ce test du smartphone Huawei P30 Pro :
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