Retour d’expérience : les 20 km de Paris, ma première course

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.
Courir à pied depuis des années ne signifie pas forcément avoir participé à des compétitions, aussi ouvertes au grand public soient elles. L’occasion (professionnelle) ayant fait le larron, le coureur solitaire je suis s’est lancé dans cette aventure capitale (et collective?).

Deux jours avant le départ ce dimanche 13 octobre 2013 des 20 km de Paris, j’avais eu rendez-vous avec un médecin du sport. Une première pour moi. Le genou droit affaibli par une forte douleur, à la suite d’une sortie longue (d’une 1h30) et ce à six jours de la course parisienne, je voulais savoir ce qui coinçait dans cette articulation. Cet été déjà j’avais dû suspendre mon entrainement et ne le l’avais repris qu’à environ un mois et demi  de l’épreuve. Je devais cesser toute course, pendant plusieurs semaines, m’avait demandé le médecin. Je n’ai même pas tenté lui dire que je comptais toujours parcourir les rues de la capitale moins de 48h plus tard…

Pari fou, Paris restait dans mon viseur. Malgré un genou pas sûr, et qui hésite à la montée ou à la descente des escaliers. Pendant toute le semaine, je n’ai cessé de le bichonner. Avec des massages au beurre de karité. Cette matière n’a pas, je veux le croire, révélé toutes ces vertus. Le corps gras, appliqué autour de l’articulation, donne l’impression de la faire rouler de nouveau sans frottement.

Garder le cap
Mais pourquoi insister (penseront certains) ou persévérer (penseront les plus indulgents)?

Au départ de la course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Au départ de la course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Je ne voulais pas abandonner si près du top départ, tout simplement. L’idée de baisser les bras ou de retenir ses jambes lorsque tout le corps pendant des semaines a été soumis aux contraintes de plusieurs entrainements (sorties de 45 minutes, d’une heure, jusque la dernière d’1h30), cette pensée-là, si proche de l’épreuve, était difficile à supporter. Oui, on surestime ses capacités. Oui, on espère que le repos de six jours et la puissance du karité suffiront pour réhabiliter son articulation. Pour être plus précis, le repos n’a pas été total. Puisque le vendredi, à deux jours donc de la course, j’ai roulé à vélo sur 5 km puis 17 km, histoire de réveiller un peu les muscles.
Mais il y a une autre raison qui justifiait le maintien de ma décision : une sorte d’engagement pris avec les autres. Moi qui teste depuis des années des montres de sport, j’avais accepté l’invitation faite par TomTom de tester leur nouvelle montre running. Celle-ci succède à la Nike+ Sportwatch (testée sur HTO) dont la marque TomTom apparaissait en second plan. De plus, TomTom proposait de suivre plusieurs séances d’entrainement auprès du coach Christophe Pinna, ancien champion du monde de karaté. Je n’ai finalement assisté qu’à deux séances avec l’entraineur, au Bois de Boulogne : la dernière, composée de fractionnés, fut rude! Mais le coach, lui, fût sympa. Ses conseils, teintés d’optimisme, m’ont été utiles au moment de ma blessure. La montre de TomTom, devant encore être mise à jour, me m’a pas servi par contre. J’espère pouvoir récupérer un autre exemplaire, pleinement fonctionnel, afin d’en faire un test sur HTO.

Jour J
Blessure à quelques jours de l’épreuve, première participation à une course publique : le doute m’a accompagné jusqu’au bout. Ce matin du 20 km de Paris il fait froid. Mais le soleil brille sur la capitale. Sorti de la station Trocadéro, j’arrive environ 50 minutes avant le top départ. De l’esplanade, la vue de la Tour Eiffel, sur fond de ciel bleu, m’enchante. Les sportifs, immobiles sur la place ou descendant vers l’arène, vers la zone de départ, m’apparaissent en contre-jour, leurs longues silhouettes trainant au sol. Le soleil, bien brillant, tempère arrive par moments à me réchauffer un peu. L’ambiance est sereine et quasi-plaisante. Dans le village les invités des différents partenaires dont TomTom attendent à l’abri dans les tentes ou en trottinant dehors pour réchauffer les muscles. Est-ce une chance? TomTom avait inscrit les coureurs de son groupe dans la catégorie Préférentiel 2 : ceux qui visent un chrono d’1H35 sur ces 20 km de Paris. Soit 4min45/km, une allure moyenne que je n’ai pas atteinte lors des dernières semaines. Si au fond de moi c’est un chrono que je désirerais et dont je pense être capable atteindre à condition d’avoir genou d’aplomb, j’annonce modestement à quelques membres du groupe vouloir juste finir sans encombre.
Le soleil continue de briller. A quelques mètres de la ligne de départ, quelques instants avant 10 heures, le début de la course, la foule est calme. Certains jettent au sol sweat, tee-shirt ou poncho en plastique portés pour servir de bouclier contre le froid ou la pluie éventuelle. Le top départ est donné. La vague des coureurs s’avance. Aussi simplement que cela, moi-même j’avance, presque sans m’en rendre compte, élément parmi d’autres éléments. La route monte assez fortement, c’était prévu. Mais la chose ne me fatigue pas plus que ça : mes entrainements près de chez moi débutent souvent de la même façon. Dans la foule, très tôt, un coureur se fait remarquer avec humour : « c’est quand est-ce qu’on arrive? », lance-t-il. Rapidement, mon rythme cardiaque monte, un peu trop même. Je sais qu’il ne faut pas forcer dès le début : je surveille le tempo. En moins de cinq minutes de course, je suis déjà à 174 bpm (battements par minute). D’expérience, je sais que je mets du temps à trouver mon rythme de croisière, une vingtaine de minutes environ. Près du kilomètre 5, j’atteins la fréquence cardiaque de 183 bpm. Sur le graphe je constaterai plus tard que je ne dépasserai pas cette limite, qui reste inférieure à mon maximum.

Les paramètres et le tracé de ma course du 20 km de Paris représentés sur le site polarpersonaltrainer.com.

Les paramètres et le tracé de ma course du 20 km de Paris représentés sur le site polarpersonaltrainer.com.

Au cinquième kilomètre, j’en profite pour vérifier mon temps : presque 25 min. Soit une allure moyenne de 5min/km. C’est plus lent que les 4min45 pour justifier mon rang de Préférentiel 2 mais il reste du chemin pour inverser la tendance. D’autant que maintenant, relativement « bien dans mes baskets », mon rythme oscille visiblement autour de 4min30/km. Juste après ces cinq kilomètres, le premier ravitaillement : je n’hésite pas à prendre eau et fruits pour aider mon corps, moi qui n’ai pas l’habitude de boire en courant, même lors des sorties d’une heure. Mais là, je m’entoure de cette précaution. Je me fais moins de soucis pour mon cœur. Mais continue à penser à mon genou : pourvu qu’il tienne. Suivant le conseil du médecin, qui m’a proscrit la course sur le béton, afin de préserver mes articulations, j’évolue, dès que c’est possible, sur la terre. Heureusement, une partie du parcours des 20 km de Paris traverse le Bois de Boulogne. Par moments, pendant des minutes, je monte sur le trottoir et déroule sur un chemin plus meuble. Le rythme reste constant. Je constate une allure moyenne depuis le début de 4min50/km : j’ai amélioré ma vitesse. Pourvu que le genou tienne.

Portion Bois de Boulogne pendant la course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Je profite du chemin de terre pour éviter le bitume lors de la portion Bois de Boulogne des 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Distance limite
Plus loin, de retour dans l’environnement urbain, les 10 km sont bientôt atteints. En moins de 48 minutes en ce qui me concerne. A droite, à gauche, courent des personnes tantôt que je dépasse, tantôt qui me dépassent. Présent dans une vague qui semble se mouvoir uniformément, chaque individu évolue librement selon ses capacités. Aux environs de la dixième borne, là non plus, je n’hésite pas à boire et à grignoter quelques fruits secs. Je garde la bouteille avec moi un certain temps, pour ingurgiter le fluide tranquillement. Je ne dois pas être le seul à penser de la sorte : à partir de la moitié de la distance, on décompte les kilomètres. Mais la prochaine étape c’est le 15 km!

Plus tard, arrivé sur les quais de la Seine au bout de plus de 11 km, j’ai dû, comme d’autres, être victime d’une tromperie. Elle a pour nom Tour Eiffel. Elle est là, visible, grande. Elle est notre objectif, elle est notre point d’arrivée. Visiblement à quelques foulées, elle semble accessible. Mais la grande dame va se faire désirer. Nous allons tous être baladés. Devoir remonter les quais de la rive droite, du Pont du Garigliano‎ jusqu’au Pont Royal. Entre les deux ouvrages, le Pont de l’Alma marque environ les 15 km. Dernier approvisionnement. Un luxe dont je ne prive toujours pas.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Félicitations aux bénévoles de la course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Félicitations aux bénévoles de la course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

A 16 km environ je suis à la même distance parcourue lors de mon dernier entrainement de course à pied. De petites douleurs sont envoyées par le genou, mais elles sont supportables. Par contre, plus j’avance, plus nombreuses sont les alertes envoyées par le mollet. Le droit d’abord, le gauche quelques minutes plus tard. Puis, c’est au tour de l’arrière des cuisses, les ischio-jambiers si je ne m’abuse. Ces contractions vont et viennent. Et annoncent des crampes. Ai-je dépassé les 17 km ou les 18 km ? En tous cas, ces crampes, encore partielles mais d’intensité grandissante, me font craindre un mauvais scénario : être contraint de marcher, voire de m’arrêter, à cause de jambes tétanisées. En inspirant et expirant plus amplement, j’essaye de ventiler d’avantage mes poumons, en espérant insuffler une part de l’oxygène aux jambes et calmer ainsi la rébellion musculaire. Quelle ironie : inquiet au départ pour mon genou, c’est du côté de mes mollets et de mes cuisses que je vois l’obstacle maintenant. Et brusquement, les muscles de mes jambes, comme s’ils s’étaient concertés pour agir simultanément, se contractent fortement. Je ralentis immédiatement. Je marche presque mais résiste à l’attraction. Je ne m’arrête pas. Je me rappelle mon ascension du Mont Ventoux : de puissantes crampes s’étaient déclenchées au moment où, fatigué, j’avais mis pied à terre. Je continue donc la course. Ma vitesse diminue. J’ai l’impression de négocier chaque mouvement, de calibrer ma vitesse afin de ne pas dépasser la limite qui braquerait les muscles des membres inférieurs.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

A quelques dizaines de mètres, je vois les chiffres du chronomètre officiel indiquant plus de 1h41. Je continue mon rythme lent. L’objectif est bien maintenant de finir en courant pas en marchant. Heureusement, je termine, debout. Sans avoir arrêté ma course. Bizarre, ce moment préparé pendant des semaines, vers lequel tendait chaque seconde de mes entrainements, ce moment-là arrive simplement. Aucun signe extérieur ne le marque. Personne d’autre ne le remarque. J’arrive parmi tant d’autres coureurs. Je ne me rappelle même pas les applaudissements du public, qui certainement, à ce moment du chrono, ne peuvent être au mieux qu’un hommage collectif lancé à tous les arrivants. Le passage du énième coureur que je suis a lieu sans changer quoique ce soit autour de moi. Mais à l’intérieur un plaisir tout simple se manifeste. Ma montre indique 1h40min17s, le temps passé depuis mon franchissement de la ligne de départ. Je ne suis pas essoufflé. A l’exception des tous derniers kilomètres, j’aurais ainsi gardé un rythme régulier. Mon genou a tenu le coup, mais fait un peu mal, et les muscles des jambes ne semblent pas avoir abandonné l’idée de provoquer de grosses crampes. Bêtement, inconsciemment, je me dis que, si elles arrivaient maintenant, cela serait moins grave. Je m’étire quand même après avoir reçu ma bouteille d’eau. Je m’imagine déjà pouvoir descendre sous la barre d’1h30 la prochaine fois. Avant cela, repos!

Moctar KANE
.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La course 20 km de Paris, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

Résultat officiel de ma course du 20 km de Paris : le chronomètre ne démarrerait-il pas au moment précis de mon passage sur la ligne de départ?

Résultat officiel de ma course du 20 km de Paris : le chronomètre ne démarrerait-il pas au moment précis de mon passage sur la ligne de départ?

La médaille du 20 km de Paris remise après la course, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.

La médaille du 20 km de Paris remise après la course, Paris 13 10 2013, Ph. Moctar KANE.


Share Button

2 réflexions sur « Retour d’expérience : les 20 km de Paris, ma première course »

    • Bonjour Julien.

      A la vue du résultat, je suis un modeste coureur. Merci en tout cas pour ton message.

      Au revoir.

      Moctar.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.