Retour d’expérience : les 10 km du Mont-Blanc, mon premier trail

Les 10 km du Mont-Blanc 2014, Chamonix, 28 06 14 Ph. Moctar KANE.La distance était petite, mais c’était mon premier trail en compétition et de surcroît en montagne. Parti avec peu d’entraînement, j’ai eu droit à quelques surprises. Voici donc le récit d’un novice au 10 km du Mont-Blanc.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014 : échauffement au terrain d’atterrissage du Bois du Bouchet. Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014 : échauffement sur le terrain d’atterrissage du Bois du Bouchet. Ph. Moctar KANE.

Faire du trail lorsqu’on réside en région parisienne n’est pas facile pour tout le monde. Certains habitent près d’un bois ou d’une forêt et peuvent s’exercer facilement dans la nature. D’autres doivent parcourir quelques kilomètres pour plonger dans le vert.  C’est mon cas. Coureur sur route, je n’avais jamais fait de trail en montagne. Profitant d’une invitation, j’ai décidé de me laisser tenter, de taquiner quelques pentes, prendre un peu d’altitude. A Chamonix. Où se tenaient plusieurs courses de haut-niveau, dont le Marathon du même nom, les 80 km et le kilomètre vertical. Arrivé samedi, j’ai pu assister à cette dernière compétition : des coureurs, certains diraient des fous, qui doivent gravir 1000 m de dénivelé positif sur des pentes bien raides. Propulsé par le téléphérique jusqu’au sommet, j’ai pu assister à ce spectacle impressionnant, qui ressemblait par moment à une épreuve d’alpinisme. La vedette annoncée, Kilian Jornet, a remporté la course en 34 min 14 sec. Ma course, elle, était plus banale (on va dire les choses comme cela).
Pour mon premier trail, je commence petit : ce sera un 10 km. Après ma première course en compétition, il y a quelques mois, les 20 km de Paris, je me suis dit ceci : la moitié de la distance, certes sur terrain accidenté et avec un dénivelé bien plus prononcé, cela devrait quand même être gérable et supportable pour mon petit être. Bon, revenu récemment de douleurs au dos et de blessures au genou, la chose m’inquiétait un peu quand. Mais niveau cœur, même s’il y avait cette inconnue d’une course à cette altitude, je ne me disais que cela devrait le faire. Et d’ailleurs la reprise de course quelques jours auparavant, en particulier cette sortie d’une heure (sur terrain plat cependant), ne montrait rien d’inquiétant.
Ce samedi matin, le départ de cette course initialement prévue à 9h00 puis avancée d’une heure (pour des raisons de météo, je crois) se fait à l’écart de la ville, sur le terrain d’atterrissage du Bois du Bouchet, dans un beau cadre : quelques sommets encore enneigés et les pentes couvertes de conifères nous entourent. A cet endroit, l’altitude est de 1056 m environ. Les porteurs de dossards jaune puis bleu se mettent en place pour prendre le départ. Ceux qui suivent, nous autres modestes possesseurs du dossard vert, attendons, nous réchauffant pour plusieurs d’entre nous sur l’étendue d’herbe du terrain.
Puis arrive ce qui aurait pu sembler un gag si les coureurs en dossard jaune n’avaient pas fait l’essentiel du parcours, certains que j’ai vus plus tard ayant couru environ 8 km : à cause d’erreurs de balisage dont l’organisation a reconnu être responsable, ils ont pris de mauvais chemins. Leur course devant être annulée, et notre départ retardé. Des critiques et des grognes se répandent dans le public. Les dossards jaunes sont, évidemment, autorisés à recourir. Combien en auront l’envie ou la force? Ceux qui refusent peuvent demander le remboursement. Le froid commence à s’en prendre à mon corps, alors que jusqu’à présent je ressentais une agréable sensation de douceur. Et l’envie de fermer les yeux revient : les deux nuits blanches de cette semaine se rappellent à moi. Je me couche un instant sur l’herbe. Au micro, les speakers, bons animateurs ceci-dit, se confondent en excuses, en anglais et en français, pour la désorganisation. Nous devons attendre que le balisage soit rectifié.
Finalement, à 9h22, après un nouveau départ des jaunes, les autres dossards, couleurs confondues, peuvent partir.

Les 10 km du Mont-Blanc 2014, Chamonix : juste après le départ. Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc 2014, Chamonix : juste après le départ. Ph. Moctar KANE.

Mon échauffement était insignifiant mais je débute ma course à l’aise. Comme lors de mes 20 km de Paris, je me sens léger. Mais cours lentement, même si je me mets à dépasser nombre de personnes. Il me faut pas moins de 6 min 10 pour faire le premier kilomètre. Lent. La pente se fait sentir. A l’approche du premier pic (un petit sommet à environ 1146 m), les coureurs se retrouvent relativement amassés, nombre d’entre eux ralentissant fortement, au point de marcher. Je décide de garder le mouvement de course. Après une courte descente, c’est le second pic (à environ 1152 m d’altitude). Même baisse générale de rythme. Nous ne sommes pas loin des 4 km. Sur le graphique vu dans la tente où j’ai retiré mon dossard, j’avais noté que c’est environ à cette distance que nous devions atteindre l’altitude la plus haute de ces 10 km du Mont-Blanc. Mauvaise surprise, c’est bien plus loin, à environ 6,20 km que nous avons eu « affronter » (c’est bien un terme de novice) le point culminant de 1269 m. C’est du moins l’altitude enregistrée par la montre testée en ce moment, la Polar V800. D’après le profil annoncé par l’organisation, nous aurions dû aller plus haut, à savoir 1281 m et plus tôt aussi (à 4 km donc). Est-ce dû au changement de balisage?

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

En approchant le point culminant en tout cas, c’est l’embouteillage, la fille indienne. Les coureurs se transforment en marcheurs des cimes. Vue l’étroitesse du sentier, la difficulté de doubler, je suis obligé de presque marcher, moi qui (dans ma folie?) pensais pouvoir accomplir ces 10 km tout en courant. La lenteur des autres est certainement un prétexte : seul dans cette portion, même avec plus d’espace, j’aurais certainement (presque) marché aussi. N’empêche, je ne m’arrête pas. Mais me vient à la tête cette interrogation : « que diable suis-je venu faire dans cette galère? Mais que diable suis-je venu faire dans cette galère? » J’imagine que chaque concurrent(e), il y en a ici de plusieurs pays, peut traduire cette phrase dans sa langue, à sa sauce. En tout cas, je sue, je peine. Heureusement, je n’ai pris avec moi qu’un tee-shirt, manches courtes. Car il fait doux à l’extérieur, et chaud dedans. Bref, comparé aux courageux de la course du 80 km du Mont-Blanc qui sont arrivés la nuit dernière, ces 10 km c’est bien minus. Je n’ai pas encore terminé l’épreuve mais mon verdict est définitif : mes 10 à Chamonix sont plus durs que mes 20 à Paris.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

Après le top, ce n’est quasiment que de la descente jusqu’à l’arrivée. Soit à peu près 3,5 km de pente. Pour montrer fière allure, j’augmente l’allure. Ma montre m’indiquera même une vitesse maximum de 3 min 14 sec. Le meilleur kilomètre étant bouclé en 4 min 44. Ce n’est pas génial, mais cela me permet d’améliorer ma vitesse moyenne. Le cœur tient le coups malgré une réelle fatigue. Et je garde une vitesse correcte, restant vigilant aussi pour éviter toute chute. L’arrivée est proche, les encouragements des spectateurs, devenus bien plus nombreux, se multiplient. Au passage, je tape sur la main que des enfants nous tendent. C’est toujours cela de rendu. Au bout de 1h06 et un dénivelé de 270 m, je franchis la ligne. Bien fatigué. Mais évidemment content. Je n’ai pas couru en moins d’une heure, comme j’ai cru pouvoir le faire à un moment donné pendant le parcours.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014 : vers de l'arrivée. Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014 : vers de l’arrivée. Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014 : à l'arrivée. Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc, Chamonix, 28 06 2014, Ph. Moctar KANE.

Les 10 km du Mont-Blanc 2014, Chamonix : résultat d'un novice en trail.

Les 10 km du Mont-Blanc 2014, Chamonix : résultat d’un novice en trail.

J’ai couru en terrain inconnu, motivé par la curiosité qui m’a fait passer de la route au trail. J’ai souffert (un peu) pendant, mais n’ai pas éprouvé de grosse fatigue après la course. Je n’ai pas suffisamment profité de la splendeur de la nature. C’était pourtant un conseil que m’avais donné le champion de la discipline, Kilian Jornet. Invité avec d’autres journalistes et blogueurs par l’un de ses sponsors, Compex, j’avais pu lui poser quelques questions. La prochaine fois, car je compte bien poursuivre cette expérience, mieux préparé, j’espère que j’en profiterais d’avantage. Car courir dans ce paysage de montagne ne devrait pas laisser indifférent.

Moctar KANE.

PS 1 : désolé pour la qualité des photos prises en courant, avec un smartphone…

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4 réflexions sur « Retour d’expérience : les 10 km du Mont-Blanc, mon premier trail »

    • Bonjour Jenny.

      Merci bien. Mais j’espère que courir ces 10 km ne vous a pas découragée. C’était votre premier trail en montagne, comme moi? Car finalement, à la galère succédera peut-être le surf la prochaine fois!

      Bonnes foulées.

      Moctar.

  1. Commentaire très intéressant ayant. Moi même termine les 10km. Une très belle journée, parcours. Varié agréable, j’ai. Pu terminer en 1h03mm45s et troisième des v3

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